Jean Jouzel : « C’est maintenant qu’il faut agir »

Le célèbre paléoclimatologue français, auteur des 2ème et 3ème rapports du GIEC, était l'invité du collectif aixois Udétopia dans le cadre du festival FestiCité. L'occasion de faire le point, aux côtés de Marie-Laure Lambert, co-fondatrice du GREC Sud, sur les changements climatiques en cours, "du global au local".

Le célèbre paléoclimatologue français, auteur des 2ème et 3ème rapports du GIEC, était l’invité du collectif aixois Udétopia dans le cadre du festival FestiCités. L’occasion de faire le point, aux côtés de Marie-Laure Lambert, co-fondatrice du GREC Sud, sur les changements climatiques en cours, « du constat à la mise en mouvement ».

Il est l’auteur principal de deux des premiers rapports du GIEC, le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat. Ce qui fut pour lui « un honneur », comme il le confiait lors de la table ronde « Changement Climatique : du constat à la mise en mouvement », organisée le 9 mai dernier par le collectif aixois Udétopia dans le cadre de FestiCités, le Festival des initiatives citoyennes en transition. Si ce grand paléoclimatologue français qu’est Jean Jouzel n’officie plus désormais au sein de l’organe scientifique mondial référent en matière de climat (près de 200 Etats membres), il n’en reste pas moins l’un de ses meilleurs porte-parole. Aux côtés de Marie-Laure Lambert, la co-fondatrice du GREC SUD (Groupe Régional d’Experts Climat), il est ainsi revenu dans les locaux de Rue piétonne sur les conclusions du dernier rapport du GIEC, édité en mars dernier, avant de laisser la parole à la représentante de ce « GIEC local » qu’est le GREC Sud sur le territoire pour dresser un point sur la situation au niveau régional.

« Une vision optimiste » à +2°C en 2050

« Ce sixième rapport est le reflet de ce que notre communauté a prédit il y a 30 ans. Il signe la certitude que le réchauffement climatique est bien réel et qu’il est le fait des activités humaines », a avancé Jean Jouzel, avant de glisser sur le +1,5°C de réchauffement terrestre à ne pas dépasser d’ici la fin du siècle. Une préconisation mise à jour par le GIEC en 2018 dans un rapport spécial. « La stabilisation du réchauffement climatique passe par la neutralité carbone en 2050. Mais je crains que nous n’y arrivions pas. Il y a un fossé énorme entre ce qui figure dans les textes adoptés et la réalité. » Pour cet expert français du climat, « si les mesures présentes dans ces textes sont bien prises, on irait vers +3°C. C’est donc maintenant qu’il faut agir ». Une urgence que l’ancien auteur du GIEC appuie en affirmant « que dans une vision optimiste, nous n’échapperons pas à une augmentation de +2°C en France en 2050, ce qui équivaut à +3°C à l’échelle planétaire. » A moins que l’Accord de Paris de 2015 ne soit tenu « et que nous enlevions du carbone dans l’atmosphère ».

« Ce sixième rapport du GIEC est le reflet de ce que notre communauté a prédit il y a 30 ans. Il signe la certitude que le réchauffement climatique est bien réel
et qu’il est le fait des activités humaines ».

Des solutions dans les petits gestes du quotidien

« Se loger, se nourrir, se déplacer… ces petits gestes de tous les jours sont responsables de la moitié des émissions des gaz à effet de serre », rappelait Jean Jouzel qui a appelé à la responsabilité de toutes et tous dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les actions les plus importantes à mener étant pour lui attendues dans la mobilité, la rénovation énergétique des bâtiments et le développement massif des énergies renouvelables. « Il nous faut agir pour atténuer nos émissions et nous adapter aux conséquences en cours. Le travail réalisé par les citoyens de la Convention citoyenne pour le climat dans ce sens est remarquable. On ne peut que regretter que 20% seulement de leurs propositions aient été retenues par les dirigeants ».

Le local, lieu le plus pertinent pour agir

Quant à la place du local dans le réchauffement planétaire, Jean Jouzel et la représentante du GREC SUD s’accordent à penser « qu’elle est la plus pertinente pour agir ». Particulièrement ici, en Région Sud, « un territoire qui sera particulièrement en lutte avec le réchauffement climatique en 2050, mais qui est aussi une région riche, où le niveau élevé de vie nous permet de faire des efforts de sobriété », souligne Marie-Laure Lambert. Pour cette juriste en droit de l’environnement, « ces efforts doivent porter par tête d’habitant et par territoire, en fonction de ses spécificités, et non pas seulement par pays », rappelant que « des outils et leviers s’offrent aux collectivités pour favoriser les changements de comportement en ce sens ». Reste à faire preuve d’une réelle volonté politique de s’en saisir.

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