La climatisation écologique par géothermie passe à la ventilation supérieure en région Paca

Dopés par l'envolée des prix de l'énergie depuis la guerre en Ukraine, les installations de froid renouvelable par géothermie connaissent un engouement auprès des entreprises et des collectivité territoriales de la région Sud en tant qu'alternatives écologiques à la climatisation classique. Photo : PixaBay
Dopés par l'envolée des prix de l'énergie depuis la guerre en Ukraine, les installations de froid renouvelable par géothermie connaissent un engouement auprès des entreprises et des collectivité territoriales de la région Sud en tant qu'alternatives écologiques à la climatisation classique. Photo : PixaBay

En finançant jusqu’à 70% des projets d’équipement de froid renouvelable, le Fonds Chaleur de l’Ademe séduit de plus en plus d’entreprises et collectivités de la région Paca. Un choix de climatisation écologique, alimenté en énergie propre grâce à la géothermie, qui se massifie depuis deux ans sous l’effet de la crise énergétique. Et qui fait émerger de nouvelles centrales, de Marseille à Cannes en passant par Nice.

Certes, le Fonds Chaleur n’est pas un dispositif financier nouveau en soi pour les entreprises et les collectivités. Géré par l’Ademe suite à sa mise en place en 2009 pour inciter ces dernières à remplacer leurs installations de production de chaleur, et consommer comme développer l’énergie renouvelable produite localement, il s’est étendu en 2012 au froid renouvelable. Offrant la possibilité à ses publics cibles de recourir à un système de climatisation plus vertueux pour le climat et les finances que les climatiseurs classiques, dont on connaît les effets délétères sur l’environnement et l’élévation de la température en villes, des plus propices au phénomène d’îlots de chaleur urbain.

Pourtant, beaucoup de collectivités et d’entreprises, particulièrement les TPE et PME, n’ont pas connaissance de cette extension du Fonds Chaleur au froid renouvelable. A l’heure où recourir à un système de climatisation devient souvent une nécessité sous l’effet du réchauffement climatique, et plus encore dans le sud-est, voué à être l’une des régions les plus chaudes de France en 2050, ce coup de pouce financier pour climatiser ses bureaux et autres espaces de travail de façon responsable mérite pourtant d’être plus largement connu par les entreprises du territoire.

Après Thassalia et Massileo à Marseille, Méridia à Nice et un projet XXL sur la Croisette

Ce système de « climatisation verte » capable de générer de la fraîcheur de façon largement décarbonée, c’est à la géothermie qu’on le doit. La seule technique parmi les procédés d’énergie renouvelable (biomasse, méthanisation, solaire thermique…) capable de valoriser l’énergie stockée dans le sol – et par extension, dans les eaux usées (cloacothermie) ou dans les mers (thalasothermie)-, pour produire du chaud comme du froid. Celle qui a permis de faire émerger Thassalia en 2015, première centrale de géothermie marine française nichée au cœur du Grand Port Maritime de Marseille, pour chauffer et climatiser les 500 000 m² de bâtiments du quartier d’affaires Euroméditerranée, après avoir pompé l’eau de mer à sept mètres de profondeur, récupéré sa chaleur et l’avoir soumise à un système de refroidissement via cette même eau de mer, puis restituée dans le réseau urbain de distribution d’énergies renouvelables.  

Une première qui en a inspiré une autre, en 2020, avec la création de sa petite sœur Massileo, située au cœur de l’extension d’Euroméditerranée, pour chauffer et refroidir, via 70% d’énergie verte locale produite par thalasothermie et récupération de chaleur perdue, les 18 îlots de bureaux, logements et commerces de l’écoquartier méditerranéen des Fabriques.

Une station de thalasothermie à l’échelle d’un quartier qui inspire aujourd’hui l’écoquartier Méridia à Nice, en puisant l’énergie emmagasinée dans le fleuve Var. Ou encore la Ville de Cannes, qui ambitionne pour 2025 d’alimenter en chaud et froid, via l’eau de mer, les hôtels et le palais des festivals dans le cadre du plan de réaménagement de sa mythique Croisette.   

Dans le cadre du plan de réaménagement de sa mythique Croisette, la ville de Cannes ambitionne d’alimenter en chaud et froid, via l’eau de mer issue de la thalasothermie, les hôtels et le palais des festivals en 2025. Photo : PixaBay

L’engouement financier comme levier écologique

On aimerait penser que cet emballement soudain pour un système de climatisation issu du renouvelable local relève en première instance de la conscience écologique et de l’urgence à agir pour le climat. Mais comme souvent, l’intérêt manifesté par les entreprises, les collectivités et les habitats collectifs est d’abord financier, même s’il coïncide avec le point de bascule climatique ressenti en 2022.

« Depuis la guerre en Ukraine, les tarifs de l’électricité ont explosé. Comme les systèmes de climatisation classiques sont très énergivores en électricité, le montant devenu colossal des factures incite à se tourner vers une solution alternative. L’argument économique devient un levier d’action pour l’écologie », commente Matthieu Pailler, référent Energie Renouvelable à l’Ademe Provence-Côte d’Azur.

Au-delà d’être beaucoup moins émetteur de gaz à effet de serre, le froid renouvelable généré par géothermie est aussi plus économe en énergie, consommant jusqu’à quatre fois moins d’électricité par rapport à un système de climatisation classique. Résultat : quand il devient de plus en plus difficile de se passer de la climatisation dans nos contrées sudistes durant la période estivale, les demandes de climatisation issues du froid renouvelable se massifient au sein de l’Ademe Paca. Une bonne chose pour l’écologie et l’économie territoriale, l’un des objectifs visés par le Fonds Chaleur étant aussi de viser l’autonomie énergétique pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles.

La région Paca, terre fertile pour la géothermie

D’autant que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, où la chaleur représente environ 75% des consommations d’énergie (52% dans le seul secteur du bâtiment (1)), où aussi les systèmes de climatisation pour générer du froid sont en augmentation constante depuis plusieurs années, se dote d’un environnement particulièrement propice à l’exploitation de la géothermie, en particulier la géothermie profonde.

« Le principe de la géothermie est d’exploiter l’environnement direct. En région Paca, territoire qui borde la Méditerranée et qui regorge de fleuves et de lacs, le potentiel d’exploitation est bien présent », poursuit Matthieu Pailler. Bien assez pour le développement de la filière s’affiche dans le cadre de la trajectoire de neutralité carbone déclinée dans le dernier SRADDET : produire 59% de chaleur renouvelable par récupération de chaleur d’ici 2050 via 6 546 MW installés (contre une production actuelle potentielle de 341 GWh/an, soit l’équivalent des besoins énergétiques de plus de 68 000 logements neufs BBC de 100 m². )

En 2022, la région Sud comptait un parc de 33 centrales de géothermie, thalassothermie et cloacothermie, permettant une production potentielle de 341 GWh/an, soit l’équivalent des besoins
énergétiques de plus de 68 000 logements neufs BBC de 100 m². 
Source : paca.developpement-durable.gouv.fr
En 2022, la région Paca comptait un parc de 33 centrales de géothermie, thalassothermie et cloacothermie, permettant une production potentielle de 341 GWh/an, soit l’équivalent des besoins énergétiques de plus de 68 000 logements neufs BBC de 100 m².
Source : paca.developpement-durable.gouv.fr

Un plan d’action régional pour développer la filière

Pour y parvenir, un plan d’action en cinq points a été élaboré au niveau régional, parmi lesquels figure l’augmentation des projets d’implantation de centrales de géothermie de surface et profondes via les contrats Chaleur renouvelable du Fonds Chaleur (à ce jour, 33 au total, dont 12 stations de géothermie, 8 de thalassothermie, 10 de cloacothermie (2)). Reste qu’en dépit d’une consommation nettement plus rentable et de bénéfices écologiques que l’on ne peut plus ignorer, le coût d’installation ou d’aménagement des infrastructures nécessaires pour exploiter et développer l’énergie renouvelable issue de la géothermie « représente encore une limite pour les entreprises et les collectivités ».

S’il est impossible pour Matthieu Pailler de le chiffrer avec exactitude, puisque lié à la taille du projet, le financement pris en charge dans le cadre du Fonds Chaleur peut atteindre 70% des dépenses. Quant à l’enveloppe allouée par l’Etat dans ce cadre, « elle ne fait que croître d’année en année. En 2024, elle s’élève à 800 millions d’euros et devrait dépasser le milliard d’ici deux ans » selon le référant de l’Ademe Paca, « tant l’engouement pour le chaud et le froid renouvelable se manifeste sur tous les territoires de l’Hexagone, motivé par un plan d’actions de l’Etat qui prévoit près de 40% de projets supplémentaires d’ici 2030. » De quoi motiver les TPE-PME d’Aix-Marseille à capitaliser sur le froid renouvelable ?

(1) Source : paca.developpement-durable.gouv.fr
(2) Source : Observatoire Régional de l’Énergie, du Climat et de l’Air (ORECA) Provence-Alpes-Côte d’Azur

Plus de 85% du territoire français présente un potentiel en géothermie de surface ou profonde. 650 installations de géothermie ont été financées par le Fonds chaleur depuis 2009 (source bilan Fonds chaleur Michel Cairey Remonnay). La France est le 1er pays européen en nombre de réseaux de chaleur géothermisés, avec une puissance totale installée de plus de 695 MW thermiques (source rapport 2023 AFPG). 3 670 emplois sont directement liés au marché de la géothermie en France (source Etude ADEME 2020 Marchés et Emplois des EnR réalisée par In Numeri).

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