Dressés pour détecter la présence de chlore dans l’eau potable , Nina, Kirri, Kelly, Chanky et Taïky repèrent les fuites d’eau sur les artères du réseau de distribution. Une collaboration canine aussi précieuse que la ressource en eau qu’elle permet de préserver, la perte d’eau due à ces fuites se chiffrant à 20% par an dans l’Hexagone.
Les chiens sont comme les enfants : de grands joueurs dans l’âme. Alors quand il s’agit de les dresser pour assurer une mission d’envergue, à savoir la recherche de fuites d’eau sur le réseau de distribution, ce cynotechnicien à la retraite qu’est François Barbeau sait comment s’y prendre. C’est en s’appuyant sur le jeu comme outil d’apprentissage qu’il a permis à cinq chiens, deux Bergers allemands, Nina et Nanky, une croisée Labrador-Fox terrier papillon, Kelly, un croisé Malinois-Labrador-Huski, Taïki, et une petite Beagle, Chanky, d’affuter leur flair à détecter le chlore présent dans l’eau potable. Et par la même occasion, les fuites d’eau dues au mauvais état des tuyaux souterrains qui acheminent l’eau jusqu’à nos robinets. Une collaboration canine aussi précieuse que la ressource eau qu’elle permet de préserver, sachant qu’à l’échelle de l’Hexagone, ce n’est pas moins d’un milliard de m³ d’eau potable, soit 20% de la production annuelle, qui est outrageusement perdu chaque année en raison de ces fuites.
Intervenir là où les chercheurs sont sourds
Si le groupe Eaux de Marseille, filiale du groupe Véolia qui fête ses 80 ans, s’est lancé dans une grande opération de lifting des 5 400 km de tuyauterie sur son réseau, renouvelant chaque année « un peu plus de 30 km de canalisations sur les communes du Territoire Marseille Provence » dont elle assure la délégation de service public de l’eau, la gestion des fuites fait toujours partie de son quotidien. « Depuis 2022, nous savons que notre territoire peut vivre des conditions climatiques extrêmes. Notre responsabilité est donc de gérer au mieux cette ressource précieuse », commente sa directrice générale, Sandrine Motte. Et ce, bien que son groupe assure « un taux de rendement de 87%, quand la moyenne nationale est de 80% », précise sa directrice adjointe, Marie Borni. Reste qu’en attendant la totale remise en état des infrastructures, une partie non négligeable de l’eau potable se perd encore dans les abysses souterrains. Pour y remédier, le groupe s’appuie sur nombreuses innovations technologiques au quotidien. Mais lorsque celles-ci atteignent leurs limites, c’est la brigade cynophile de François Barbeau qui entre en jeu, intervenant « là où les chercheurs de fuites sont sourds ».
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1 500 fuites d’eau détectées grâce au flair des chiens
La mission qu’il mène pour le compte de Véolia avec sa bande de truffes avisées, sur le territoire, mais aussi dans de nombreuses autres villes en France, en Belgique et au Maroc, le maître-chien aime la comparer à l’angiographie. « On détecte les anévrismes sur les tuyaux, qui sont les artères du réseau, particulièrement sur les types fileurs et le PVC. Quand les techniciens du groupe identifient une fuite sans pouvoir la localiser de façon précise, sur une zone d’un kilomètre, les chiens se mettent au boulot ». Depuis le début de sa mission en 2021, l’équipe canine affiche un joli palmarès de 1 500 fuites d’eau détectées. Composée de deux chiens à ses débuts, elle pourrait s’agrandir encore dans les années à venir, après une formation d’un an et demi donnée à chaque chien. De quoi ravir Sandrine Motte, qui affiche ouvertement son souhait « d’intégrer la nature au travail ». Ce qui devrait se faire prochainement de façon formelle pour l’équipe canine, le service RH de Véolia étudiant comment faire apparaître les chiens dans le contrat de travail de leur maître.
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