Les « écolos », nouveaux parias de la société ?

L'été 2023 a fait place à un déferlement haineux à l'égard des "écolos" sur la toile.

Entre températures caniculaires au sud et fraîcheur au nord, l’été 2023 a révélé un phénomène pour le moins inquiétant : le déchaînement haineux, sur les réseaux sociaux, de certaines catégories de personnes à l’égard des « écolos ». Et en toile de fond, l’émergence d’un nouveau clivage sociétal.

Un déferlement haineux. Il n’y a sans doute pas de terme plus approprié pour qualifier le mouvement « anti-écolo » qui a battu son plein cet été sur la toile. De Facebook à Youtube en passant par Instagram, les posts, commentaires et autres vidéos empreints d’agressivité et de railleries qui font des « écolos » les nouveaux souffre-douleur de la société et de ses maux (10% d’inflation, 10 autres d’augmentation du tarif de l’électricité au 1er août, envolée du prix des carburants à la pompe…) semblent avoir franchi un cap. 

Rien ne sert de reprendre les inepties que l’on a pu voir passer à ce sujet. Ni le manque de connaissance (ou les amalgames volontaires ?) dont certains climatosceptiques usent et abusent pour mieux rallier à leurs opinions (notamment, de faire de la météo et du climat un seul et même phénomène). 

Les écolos sont-ils devenus les nouveaux parias de la société ? La question mérite d’être posée. D’autant qu’elle est bien présente dans le traitement médiatique.

En témoigne le numéro double d’été de L’Express consacré à « l’essor inquiétant de l’Esotérisme ». Un dossier où l’équipe rédactionnelle dédie un article à l’orientation de « certains écologistes » vers l’irrationnel, les pratiques « non conventionnelles » et leur lien affiché avec l’extrême droite. 

Outre le fait que l’angle choisi pour traiter cette évolution sociétale (qui ne se traduit pas que chez « les écolos », 58% des Français déclarent croire à au moins une des disciplines des parasciences selon un sondage Ifop 2020), soit lui, très conventionnel et affiche le parti pris de partir des dérives du genre pour en faire des généralités, une question me taraude :

De qui parle-t-on quand on parle des « écolos » ?

  • Des membres d’un parti (qui, à la base, ne devrait même pas en être un) ?
  • Des militants écologistes ?
  • Des citoyen.ne.s, de plus en plus nombreux.ses, qui repensent leur lien à la Terre, au vivant, et la place qu’ils y occupent ?

Le monde change. Les mentalités évoluent. Et le rapport à la spiritualité n’y fait pas exception. Quand la quête de sens ne s’est jamais faite aussi prégnante, pratiquer la sylvothérapie (enlacer les arbres pour y puiser leurs bienfaits), participer à des cercles de femmes (les fameuses Tentes rouges de nos ancêtres), renouer avec les cycles de la nature ou consulter des oracles et tarots divinatoires en guise d’outil de développement personnel (autant de pratiques dénoncées par L’Express), refont leur apparition dans l’air du temps. 

Balayées d’un revers de main par les rouages de nos sociétés modernes, ces moeurs « occultes » étaient pourtant celles de nos ancien.ne.s, bien plus en lien et respectueux du vivant que nous ne pouvons l’être. Nul besoin donc de se voir coller une étiquette de « perché.e » sur le front si l’on choisit de s’y adonner. 

Certes, les dérives existent et existeront toujours, comme dans tous les domaines. Il revient à chacun.e de faire preuve du discernement nécessaire pour ne pas se voir enrôler dans des mouvements dangereux ou sectaires. 

Mais ce retour à la « spiritualité » (qui ne passe pas forcément par le religieux), en tant que prise de conscience que nous appartenons à un grand Tout auquel nous sommes constamment reliés (et où nous avons un rôle à jouer), est globalement une bonne chose.

Je vous invite d’ailleurs à lire l’entretien consacré au philosophe Abdennour Bidar dans les pages du magazine Kaizen de cet été.  Le « méditant engagé » y livre son analyse sur « la crise de civilisation » (écologique, sociale et politique) que nous vivons. 

« Une crise spirituelle, de déliaison généralisée, un phénomène de destruction de l’ensemble de nos liens vitaux, en particulier du triple lien à la nature, à l’autre, à soi » où notre « prétendu développement » est en cause .

Une façon de signifier que la transition écologique (et plus globalement, le profond remaniement sociétal qu’elle induit) ne peut s’appuyer uniquement sur les innovations et autres prouesses technologiques que l’Homme est en capacité de produire. 

La transition écologique est et sera, aussi et surtout, spirituelle. 
Elle nous demande de rétablir ce triple lien Nature-Autre-Soi « qui spiritualise nos vies », et dont la « fonction est de nous inspirer une vie plus haute » puisqu’il « nous met en relation avec ce qui nous dépasse, et en tension vers un niveau de conscience plus élevé. »

Prêt.e.s à embarquer dans cet élan de conscience ?

 

 

 

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