Magnifique ! Grandiose ! Tout simplement considérée comme « l’une des plus belles de l’histoire » par les médias étrangers. Rendons à César ce qui appartient à César : la soirée d’ouverture des JO de Paris a réussi ce pari fou de (re)mettre des étoiles dans les yeux de quelque deux milliards de spectateurs français et du monde entier. Distillant aux travers de
ses tableaux un peu de chaleur dans les coeurs. Invitant chacun.e à renouer avec des émotions lumineuses et positives, sur fond de diversité, de liberté, de compétition saine et même de sororité, une première !
Le côté reluisant de la médaille, c’est que ça fait franchement du bien de voir des nations (et des Français pour le moins divisés dans les urnes), vibrer à l’unisson autour d’un événement mondial fédérateur. De sentir qu’il est encore possible de faire briller une flamme de la joie de façon commune, quand il est parfois bien difficile d’en déceler la lueur.
Quand une part de rêve se présente, nous nous devons de la saisir. Mais sans oublier pour autant qu’une médaille comporte toujours deux côtés. L’un, très reluisant donc. L’autre, beaucoup plus sombre. Côté pile et côté face.
L’un des côtés face de ces JO de Paris 2024, bien qu’ils s’affichent comme étant les Jeux Olympiques et Paralympiques « les plus verts de l’Histoire », se reflète par leur empreinte environnementale aussi spectaculaire que leur soirée d’ouverture. Y compris à Marseille, où au lendemain du match de foot France/Etats-Unis qui s’est déroulé la veille de la cérémonie d’ouverture au stade Vélodrome, on a pu assister dans le ciel marseillais à un cortège de vols au départ de Marignane…
Une « broutille », certes, ramené à l’impact carbone global généré par les millions de déplacement aériens, enregistrés depuis quelque 180 pays vers la capitale, pour embarquer et débarquer d’autres millions de spectateurs, les 23 500 athlètes et leurs équipes.
L’ambition de Paris 2024 de diviser par deux l’empreinte carbone de cette édition par rapport aux JO de Londres 2012 et de Rio 2016 (3,5 millions de tonnes équivalent CO2) a beau être louable, le bilan carbone de ces JO français restera malgré tout colossal. Et nous n’évoquerons pas ici la pollution plastique et les tonnes de déchets qui seront amassés tout au long de l’événement.
Alors non, ces JO de Paris et Marseille 2024, en dépit des efforts environnementaux réalisés, ne seront pas « les premiers jeux à contribution positive pour le climat ». Un événement mondial de cette ampleur, quel qu’il soit, ne peut tout simplement pas contribuer positivement à la préservation de la planète. Pas besoin d’être écologue pour le savoir.
Pas plus, d’ailleurs, que ne le seront les JO d’hiver de 2030, qui se dérouleront bien du 8 au 24 février dans les Alpes (Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes) et à Nice (Alpes-Maritimes) grâce à l’union des Régions Sud et Auvergne-Rhône-Alpes pour porter communément une candidature au nom de la France. Et ici aussi, les promesses écologiques avancées, parmi lesquelles figure la juste intention de recycler les infrastructures ayant servis au JO d’Albertville en 1992, ne pèseront pas lourd dans la balance.
Soyons réalistes : ce geste pour la planète sera bien dérisoire si les prédictions faites par les climatologues, à savoir que la neige risque fortement de briller par son absence en cet an 2030, se révèlent exactes. Tout comme lors des JO d’Albertville, où la poudre blanche faisait déjà cruellement défaut dans les Alpes du nord en 1992, il faudra créer une neige artificielle produite par canons, avant d’être acheminée par hélicoptère sur les pistes. En matière de préservation de l’environnement, on a connu mieux…
Alors oui, les retombées économiques seront bien au rendez-vous pour la France, pour Paris et pour Marseille, grâce à l’organisation de ces Jeux Olympiques et Paralympiques d’été 2024. Un scénario économiquement juteux pour l’Hexagone, qui se répétera peut-être à l’hiver 2030, profitant particulièrement aux Régions Sud et Auvergne-Rhône-Alpes. Mais peut-être seulement. Car qui sait comment le climat évoluera ces six prochaines années ? Bien malin celui qui peut le prédire avec exactitude… Ce qui est certain en revanche, c’est que les retombées pour la planète, elles, seront loin d’être aussi profitables.
Ces Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris et Marseille 2024 sont une nouvelle preuve, s’il en est encore besoin, que nous ne sommes toujours pas parvenus à concilier intérêts économiques et intérêt écologiques. A faire briller des étoiles dans les yeux de l’humanité, autrement qu’en faisant ce que nous avons toujours fait. Des modèles qui restent encore très éloignés de ce que devrait pourtant proposer « le nouveau monde ». Ce monde de demain, que nous laissons aux prochaines générations.
Alors, une question : à quand cet événement mondial qui fera battre nos coeurs à l’unisson, tout en permettant à celui de la planète de ne pas rompre, asphyxié par nos pratiques ? Si les prises de conscience sont en chemin, force est de constater qu’il leur reste encore pas mal de kilomètres à parcourir avant de franchir la ligne d’arrivée. Sur cette épreuve là, aucun pays n’a encore décroché la médaille d’or.
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